24 Septembre 2014
Rêve et réalité
Un groupe privé, gestionnaire d’établissements d’accueil de personnes âgées, souhaite implanter à Saint Clément, un établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes(HEPAD) sur un terrain situé au lieudit Les Plans. Cet établissement comporterait, 80 lits dont 16 (Alzheimer). Les résidents venant de zones urbaines extérieures au département, disposent de revenus conséquents et ne seraient donc pas à la charge du département de l’Allier. Mais, il serait source d’emplois pour 50 CDI et une dizaine de CDD, il serait également source de revenus pour les commerçants, les artisans et relancerait la vie économique dans son ensemble. Mais le beau projet, la belle histoire de renaissance d’un village, l’opportunité de pouvoir vivre et travailler en montagne bourbonnaise s’arrête aux portes des autorisations.
Pourtant la nouvelle ruralité est en marche mais, dans quelle direction ? Avant ou arrière? Sur le terrain, en montagne, elle est en marche arrière, la montagne meurt, les maisons se vident de leurs occupants, la montagne est belle mais, elle ne nourrit plus ses habitants. Les résidences secondaires subissent la nouvelle loi de finances 2014 avec une super taxe.
OUI, la montagne est à l’agonie, il n’est plus question d’investir dans la pierre, elle est invendable, dans un commerce, il est voué à la ruine, dans une école, elle est en sursis, alors quand un investisseur s’intéresse à notre montagne nous devrions applaudir à deux mains.
Mais, il y a les autorisations des uns et des autres, les uns sont contre et les autres ne sont pas pour.
Les arguments contre des uns et des autres fusent mais, sont peu audibles à mes oreilles. Pour les uns, dans ces HEPAD les résidents ne sont pas bien soignés, que l’on me rassure, j’ose croire que les services de l’Ètat contrôlent aussi bien les HEPAD privés que publics. À contrôles identiques, soins identiques. Pour les autres, le manque possible de résidents de l’extérieur sera compensé par des résidents de l’Allier et le département sera dans l’obligation de payer. Que l’on me rassure, le département payera bien pour un résident en HEPAD, dans n’importe quel HEPAD où il aura trouvé une place. Pour les autres, le groupe de financeurs n’est pas fiable. Que l’on me rassure, les financeurs qui lancent un projet ne calculent plus les gains mais, seulement les pertes. Pour tous, le nombre d’HEPAD est suffisant dans le département possible ? Les listes d’attentes sont –elles imaginaires. De toute façon, cet HEPAD ne concerne pas les gens de l’Allier mais, de l’extérieur. Demain, les enfants du baby-boom de l’après-guerre seront sur le marché, auront-ils de la place ?
Les uns et les autres ne savent pas que la montagne a besoin d’un important projet créateur d’emplois, créateur de mobilités pour sauver son économie et soulager celle des uns et des autres.
Les uns et les autres ne vivent pas en montagne, ils passent en été pour se balader dans ce petit coin de terre où la végétation est encore vierge de pollution. Les maisons vides, les panneaux « A vendre », les commerces fermés, l’absence d’enfants dans les villages, la tristesse d’un bourg le dimanche après-midi n’interpellent personne, nous sommes invisibles pourtant nous sommes atteint par la maladie de la nouvelle ruralité «la mort lente »
Ce projet porte des imperfections, pour corriger cela, il faut l’ouvrir, le faire vivre, il est vital pour ce territoire.
Si ce projet n’est pas parfait que l’on nous propose autre chose mais quoi et par qui ?
L’état n’est plus en mesure de financer un projet et de toute façon certainement pas à Saint Clément, les collectivités sont également sans le sou, écrasé par les transferts de charges de l’état. Les subventions fondent comme nos illusions de voir un jour Saint Clément et la montagne revivre.
Les discours regorgent pourtant de belles paroles pour nous les ruraux mais, les services publics disparaissent ou végètent avant fermeture et l’on me parle de restructuration pour un meilleur service, l’ADSL fonctionne dans les villages à la vitesse de l’escargot et l’on me parle de fibre optique, pour bientôt, les maisons restent invendues et l’on me parle de relance du marché immobilier, pour bientôt.
Si, Bientôt devient une unité de temps, le tôt n’est pas pour demain.
Personne ne me parle d’emploi, il est difficile de parler d’un inconnu. Le taux de chômage n’est pas plus important ici que dans une autre région car, les gens sans emploi partent vers d’autres contrées plus clémentes (enfin, ils le pensent) donc, ils ne figurent plus sur la liste des demandeurs de notre région. Bientôt, comme, il ne restera plus que des retraités, notre taux de chômage sera le plus bas de France.
Zéro chômeur, c’est pour bientôt en montagne !
Pour nos dirigeants, deux problématiques surgissent, nous coûtons trop cher à la société, avec nos petites communes et nous sommes de gros pollueurs avec nos trajets quotidiens pour aller au travail. Certes nous coutons cher mais, si nous avions des industries, des commerces, ils contribueraient par leurs impôts à un équilibre des dépenses. Nous polluons car, il nous faut faire des kilomètres pour nous rendre sur un lieu de travail mais, dans la capitale, ils marchent à pied, les feux, le métro, les lignes SNCF ne polluent pas? De plus le kilométrage moyen d’un habitant de la montagne n’a rien de comparable à celui d’un citadin qui doit parcourir souvent plus de cent kilomètres pour se rendre au travail contre environ trente-cinq pour nous. Que faire ?
Ce beau projet flotte encore mais, il va surement couler rapidement, aucune proposition ne viendra remplacer cette offre, aucune ouverture pour nous sur ce qui devrait être la nouvelle ruralité, une ruralité vivante, active, génératrice d’emploi.
La nouvelle ruralité n’est pas pour nous, nous sommes trop ruraux. La marche arrière sera notre marche en avant et notre rêve sera demain sur un autre territoire où des hommes auront pris conscience des enjeux économiques pour une région ou aucune industrie ne peut s’installer car, la montagne est dans ce cas, elle ne possède pas de route, d’autoroute, de gare, d’aéroport.
À l’agonie, la montagne coûte cher mais, morte, elle sera hors-de-prix. Alors ce jour-là, les uns et les autres, nous vanteront la beauté d’un parc éolien ou le charme d’une décharge en plein air. Les jeunes seront loin et les vieux seront fatigués par les batailles perdues. La montagne sera devenue un lieu idéal pour les projets encombrants.
Que faire ? DES MANIFESTATIONS ?
Les autorités nous ignorent et je suis même certain que des élus du département, ne connaissent pas la montagne bourbonnaise, alors nos mouvements d’humeur ne vont pas bouleverser leurs quotidiens.
Que la montagne est belle, chantait le poète, mais comment pouvions- nous imaginer qu’un jour, les uns et les autres s’opposeraient à son embellissement.
Si vous désirez faire des commentaires, ne me parler pas de politique, je ne roule pas à droite, pas à gauche, pas au centre et encore moins sur les côtés. Je roule sur la voie du bon sens mais, pour les politiques ce sens est interdit.
23 septembre 2014
Le Ciamaro
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